Fausses Déclarations Budgétaires : Procédure du FMI et Cas du Sénégal

Publié le

25 mars 2025
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Lorsqu’un pays bénéficiaire de prêts du Fonds monétaire international (FMI) fournit des informations inexactes concernant ses finances publiques, notamment pour dissimuler un déficit budgétaire, l’institution applique une procédure rigoureuse.

L’objectif principal est de préserver la transparence, la crédibilité des données économiques et la viabilité financière du pays concerné.

Le cas du Sénégal en 2024 illustre cette problématique et permet de mieux comprendre les mécanismes mis en place par le FMI.

1. Comment le FMI Réagit-il aux Fausses Déclarations ?

Lorsqu’une fraude ou une manipulation des finances publiques est détectée ou signalée, le FMI suit plusieurs étapes clés :

1.1. Détection et évaluation

Le FMI identifie les inexactitudes grâce à ses propres analyses, des audits indépendants ou des signalements des autorités nationales. Une fois détectées, ces erreurs sont évaluées pour en mesurer l’impact sur les programmes en cours et la santé économique du pays.

1.2. Dialogue avec les autorités nationales

Le FMI engage un dialogue avec le gouvernement concerné pour comprendre les raisons des fausses déclarations et élaborer des mesures correctives. Cette coopération vise à restaurer la confiance et à assurer une gestion saine des finances publiques.

1.3. Suspension et conditions de reprise des programmes

Si les erreurs sont significatives, le FMI peut suspendre les décaissements ou les négociations de nouveaux programmes jusqu’à ce que des mesures correctives soient mises en place. La reprise de la collaboration financière est conditionnée par la résolution des problèmes identifiés et l’engagement du pays à améliorer sa transparence budgétaire.

2. Le Cas du Sénégal : Un Déficit Sous-Évalué

En 2024, un audit commandité par le président Bassirou Diomaye Faye a révélé que le déficit budgétaire du Sénégal pour l’année 2023 était supérieur à 10 % du PIB, alors que le gouvernement précédent avait annoncé un chiffre avoisinant les 5 %.

Cette découverte a conduit le FMI à suspendre son programme de financement de 1,9 milliard de dollars avec le Sénégal.

Le FMI a cependant salué l’initiative des nouvelles autorités sénégalaises visant à renforcer la transparence et la gouvernance budgétaire. Julie Kozack, porte-parole du FMI, avait en son temps confirmé que l’institution travaillait en étroite collaboration avec le gouvernement sénégalais pour évaluer l’impact macroéconomique de ces découvertes et déterminer les prochaines étapes.

Aujourd’hui, Edward Gemayel, représentant du FMI, a indiqué que les discussions pour un nouveau programme avec le Sénégal ne pourraient reprendre qu’après la résolution des erreurs de déclaration. Il a toutefois exprimé sa confiance quant à une progression rapide une fois cette situation stabilisée.

3. La Position du FMI : Entre Rigueur et Collaboration

Face à cette situation, le FMI a adopté une approche en trois axes :

3.1. Suspension temporaire des programmes

Le FMI a interrompu les discussions sur de nouveaux financements avec le Sénégal jusqu’à ce que les inexactitudes budgétaires soient corrigées et que des mesures appropriées soient mises en place.

3.2. Maintien du dialogue avec le gouvernement

Malgré la suspension, le FMI maintient une collaboration étroite avec les autorités sénégalaises pour soutenir les réformes visant à améliorer la transparence et la gestion des finances publiques.

3.3. Conditions pour la reprise des financements

La reprise des programmes financiers dépend de la mise en œuvre effective des mesures correctives et de l’engagement du Sénégal envers une gouvernance budgétaire rigoureuse.

4. Conclusion : Une Crise, mais Aussi une Opportunité

Cette crise budgétaire représente un défi pour le Sénégal, mais elle offre également une opportunité de renforcer les mécanismes de contrôle, d’améliorer la transparence et de restaurer la confiance des institutions financières internationales.

Le cas du Sénégal rappelle l’importance de la rigueur budgétaire et de la responsabilité dans la gestion des finances publiques pour garantir une relation stable avec les partenaires internationaux et assurer un développement économique durable.