Réflexions européennes à l’issue du voyage du premier ministre du Sénégal Ousmane Sonko en Chine (25-27 juin 2025)

Publié le

9 juillet 2025
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Europe: “mériter” un partenariat solide avec l’Afrique

Préambule

  • Soixante ans de coopération au développement occidental (et 3 000 milliards d’euros) n’a pas réussi à réduire l’asymétrie croissante du bien-être entre le citoyen africain et le citoyen du reste du monde.
  • Le citoyen africain a le droit de jouir du même niveau de bien-être que ses concitoyens dans le reste du monde.
  • L’économie définitivement mondialisée est dominée par des chaînes de valeur industrielles internationales ultra-complexes. Aucun pays au monde n’est capable de se développer seul.
  • Le défi pour l’Afrique : offrir un emploi décent aux vingt millions de jeunes qui entrent chaque année sur le marché du travail.
  • À l’époque d’un partenaire américain hyperkinétique et imprévisible, l’Europe cherche de nouveaux partenaires, tant commerciaux que géostratégiques. Pourquoi se tourner vers l’Amérique du Sud ou l’Inde alors qu’à seulement 14 km et à une courte distance culturelle se trouve le grand voisin africain ?
  • L’Afrique, qui en 2045 sera dotée d’un dividende démographique de 25 % de la population mondiale (contre seulement 8 % en Europe), du plus grand marché de libre-échange au monde, de 60 % des terres arables du monde, 50 % du potentiel d’électricité solaire mondial, 35 % du potentiel mondial de production d’hydrogène vert à 2 €/kg (contre 1 % en Europe), des matières premières climato-stratégiques en abondance, ainsi que le plus grand poumon vert du monde.
  • Dans un nouveau monde multipolaire, l’Afrique peut choisir des partenariats avec l’Occident, l’Orient, ou le Sud global. Chaque partenaire aura l’occasion de mériter un partenariat avec l’Afrique. 

Suggestions sur la manière dont l’Europe peut “mériter” un partenariat solide et durable avec l’Afrique.

  • D’ici 2025-2026, l’UE réussit à motiver 1 000 PME industrielles bien établies à entrer dans des partenariats gagnant-gagnant avec des homologues en Afrique (pas de start-ups, pas d’entreprises nano). Les partenaires européens assurent un premier transfert de chaînes de valeur industrielles avancées et de technologies sophistiquées vers l’Afrique. Le partenaire africain contribue par ses infrastructures (atelier, personnel), sa clientèle et sa connaissance du marché, des administrations et des cultures. Un tel partenariat entre des PMI établies nécessite peu ou pas de ressources financières. Les bénéfices réalisés sont distribués équitablement entre les deux partenaires.
  • Une masse critique de partenariats efficaces entre PMI agit comme un volant d’entrainement des IDE investissements directs étrangers de multinationales. Ensemble, mille partenariats de PMI et quelques dizaines d’IDE, ils posent les bases de l’industrialisation agro-alimentaire et manufacturière moderne en Afrique et de la création annuelle de millions d’emplois dans une économie formelle.
  • Ils apprennent les uns des autres. La masse critique d’un métissage de cultures stimule la sérendipité: l’innovation, en tâtonnant, de nouveaux produits et services vraiment prometteurs.

Les obstacles

  • En Europe. L’afro pessimisme profondément ancré dans le subconscient de chacun (citoyens, entrepreneurs, universitaires, politiciens): “l’Afrique ne serait toujours pas prête pour une industrialisation agro-alimentaire et manufacturière compétitive”.
  • En Afrique. La peur de la pérennisation de la domination par le partenaire européen, l’ancien colonisateur.

Les remèdes

  1. Dans un langage diplomatique mais sans équivoque, tous les ambassadeurs de l’UA informent l’UE qu’un monde multipolaire définitif signifie que l’Afrique ne peut pas être liée à un seul partenaire. Il revient à chaque partenaire de “mériter” un partenariat solide avec l’Afrique qui permettra à l’Afrique de s’industrialiser et de créer de manière souveraine vingt millions d’emplois décents par an.
  2. L’UE et tous ses ministres des affaires étrangères de tous les pays de l’UE organisent des débats pour “tout un chacun” autour des thèmes “L’Afrique n’est pas celle que vous croyez”“L’Afrique peut-elle sauver la planète?” Objectifs visés : (1) provoquer un changement d’état d’esprit dans le grand public, chez les entrepreneurs et chez les politiciens ; (2) mille PMI bien établies forment des partenariats gagnant-gagnant avec des homologues africains.
  3. L’UE finance, pendant 12 mois en 2025-2026 dans chaque pays africain, une petite équipe de jeunes ‘masters’ en gestion d’entreprise, futurs facilitateurs des chaînes de valeur industrielles internationales. Ils étudieront (‘recherche documentaire’) pourquoi et comment d’autres pays en développement ont réussi et adapteront ces succès à la réalité africaine. (Un ‘petit-précis’ sur les ‘Partenariats industriels internationaux’ , sur demande, peut servir d’introduction à leur auto-étudie des partenariats internationaux).

7/07/2025

karel.uyttendaele { @ } pandora.be